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30 mai 2008 5 30 /05 /mai /2008 18:09

mis à jour au 17 SEPTEMBRE 2008 
 
Le festival de Pordic 2008 est terminé, et les Vaches ont réinvesti le VAUDIC...


le PETIT Havre à Pordic

festival organisé par “Brittany Mélodies”

avec PORDIC-ANIMATION et les Amis de la Chapelle du VAUDIC

piano, musique de chambre et musique sacrée

du 23 au 27 août 2008

Le programme en une PAGE

La billetterie EST Ouverte à compter du 24 juillet
à PORDIC-ANIMATION
(LOCAUX de l'office de Tourisme de PORDIC)
renseignements et réservations
n° 02 96 33 32 50

LES BILLETS SERONT également EN VENTE sur PLACE une demi-heure avant le CONCERT

tarifs : entrée 10 euros, tarif réduit 5 euros

passeport pour cinq concerts 30 euros

le site de POrdic (22590 côtes d'armor), entre mer et campagne, à 9 km de saint-Brieuc

http://www.pordic.fr


 

1. Samedi 23 août 2008 à la Ville Robert salle Massignon

Rachmaninov : concerto n° 2 (version pour deux pianos)

E.F. Lühl : concerto n°1 LWV 110 (création de la version pour deux pianos)

Hors programme  : arrangement E.F. Lühl: musique de films arrangée pour deux pianos

Enguerrand-Friedrich Lühl, Mahery Andrianaivoravelona, pianos

 

 

 

Enguerrand-Friedrich Lühl, Mahery Andrianaivoravelona, pianos









Pour en savoir plus, voir pages suivantes

 

2  Dimanche 24 août 2008 à la Chapelle du Vaudic

 Première suite pour violoncelle seul en sol de Jean-Sébastien Bach (BWV 1007)
Deuxième suite pour violoncelle seul en ré mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 1008)                                     ENTRACTE
Cinquième suite pour violoncelle scordato  en ut mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 1011)
Suite pour violoncelle seul de Gaspar Cassadó




Carte blanche à Elisabeth Beaussier Della Corte
, autour des suites pour violoncelle seul de J.S.Bach

·            Première suite pour violoncelle seul en sol de Jean-Sébastien Bach (BWV 1007)
·            Deuxième suite pour violoncelle seul en ré mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 1008)
                                     ENTRACTE
·         Cinquième suite pour violoncelle scordato  en ut mineur de Jean-Sébastien Bach (BWV 1011)
·         
Suite pour violoncelle seul de Gaspar Cassadó
photo : Elisabeth Beaussier Della Corte
  

Pour en savoir plus, voir pages suivantes

 

3. Lundi 25 août 2008 à la Ville Robert salle Massignon

 

Autour de Clara Schumann, concert-spectacle par Anne Rancurel, piano, Marianne Jamet, comédienne, avec la participation de Laura Losada, soprano. Le programme évoquera les programmes de concert favoris de Clara Schumann, une des plus grandes pianistes de son temps (J.S. Bach, Chopin, Liszt), les œuvres qu’elle a inspirées, créées ou les mélodies qu’elle a elle-même composées. Pour en savoir plus, voir pages suivantes

 

4. Mardi 26 août 2008 à la Ville Robert salle Massignon

 
Récital de piano par Yedam Kim : Beethoven, Albéniz, Bach, Rachmaninov, Chopin






Ludwig Van BEETHOVEN (1770 -1827)   Sonate Op. 53 No.21 'Waldstein'
  

Isaac ALBÉNIZ (1860-1909)                                  Triana (Extrait d'Ibéria 2ème cahier)
Jean-Sébastien BACH (1685-1750)          Fantaisie chromatique & fugue
                                                                               en ré mineur
   BWV 903  
 

Serge RACHMANINOV (1873-1943)      Variations  "Corelli " op. 42   

Frédéric CHOPIN (1810-1849)                     Etude Op.10 No.4 en do dièse mineur –

                                                                                Ballade Op.23 No.1 en sol mineur

  Pour en savoir plus, voir pages suivantes

 

5. Mercredi 27 août 2008 à la Chapelle du Vaudic

 

MUSIQUE SACRÉE : Stabat Mater de Pergolèse (1710-1736), Deux Motets baroques italiens : Ave Maria et Assumpta est Maria de Bencini (1670 ?-1755)
Au pied de l'autel, pièces pour orgue sans pédalier ou harmonium de Guy Ropartz (1864-1955)
Par l’IRISH CHAMBER CHOIR of PARIS, dir. Jean-Charles Léon, Matthieu Ferrandez, orgue positif.

Pour en savoir plus, voir pages suivantes

Nicole Paramythioti & Jean Granoux







Et pour finir,
un curieux texte de  Villiers de l'Isle-Adam, l'écrivain briochin (natif de Saint-Brieuc)


VILLIERS DE L’ISLE-ADAM

 

LE SECRET DE L'ANCIENNE MUSIQUE

A Monsieur Richard Wagner.

 

 

 

C'était jour d'audition à l'Académie nationale de Musique.

La mise à l'étude d'un ouvrage dû à certain compositeur allemand (dont le nom, désormais oublié, nous échappe, heureusement !) venait d'être décidée en haut lieu; - et ce maître étranger, s'il fallait ajouter créance à divers memoranda publiés par la Revue des Deux Mondes, n'était rien moins que le fauteur d'une musique "nouvelle"!

Les exécutants de l'Opéra ne se trouvaient donc rassemblés aujourd'hui que dans le but de tirer, comme on dit, la chose au clair, en déchiffrant la partition du présomptueux novateur.

La minute était grave.

Le directeur apparut sur le théâtre et vint remettre au chef d'orchestre la volumineuse partition en litige. Celui-ci l'ouvrit, y jeta les yeux, tressaillit et déclara que l'ouvrage lui paraissait inexécutable à l'Académie de musique de Paris.

- Expliquez-vous, dit le directeur.

- Messieurs, reprit le chef d'orchestre, la France ne saurait prendre sur elle de tronquer, par une exécution défectueuse, la pensée d'un compositeur.... à quelque nation qu'il appartienne. - Or, dans les parties d'orchestre spécifiées par l'auteur, figure un instrument militaire aujourd'hui tombé en désuétude et qui n'a plus de représentant parmi nous; cet instrument,qui fit les délices de nos pères, avait nom jadis : le Chapeau-chinois. Je conclus que la disparition radicale du Chapeau-chinois en France nous oblige à décliner, quoiqu'à regret, l'honneur de cette interprétation.

Ce discours avait plongé l'auditoire dans cet état que les physiologistes appellent l'état comateux. - Le Chapeau-chinois !!- Les plus anciens se souvenaient à peine de l'avoir entendu dans leur enfance. Mais il leur eût été difficile, aujourd'hui, de préciser même sa forme.- Tout à coup, une voix articula ces paroles inespérées « Permettez, je crois que j'en connais un". Toutes les têtes se retournèrent; le chef d'orchestre se dressa d'un bond « Qui a parlé ? » Moi, les cymbales », répondit la voix.

L'instant d'après, les cymbales étaient sur la scène entourées, adulées et pressées de vives interrogations. Oui, continuaient-elles, je connais un vieux professeur de Chapeau-chinois, passé maître en son art, et je sais qu'il existe encore !

Ce ne fut qu'un cri. Les cymbales apparurent comme un sauveur Le chef d'orchestre embrassa son jeune séide (car les cymbales étaient jeunes encore). Les trombones attendris l'encourageaient de leurs sourires ; une contrebasse lui détacha un coup d'oeil envieux; la caisse se frottait les mains  « Il ira loin! » grommelait-elle. Bref, en cet instant rapide, les cymbales connurent la gloire.

Séance tenante, une députation, qu'elles précédèrent,sortit de l'Opéra, se dirigeant vers les Batignolles,dans les profondeurs desquelles devait s'être retiré,loin du bruit, l'austère virtuose. On arriva.

S'enquérir du vieillard, gravir ses neuf étages, se suspendre à la patte pelée de sa sonnette et attendre,en soufflant, sur le palier, fut pour nos ambassadeurs l'affaire d'une seconde.

Soudain, tous se découvrirent : un homme d'aspect vénérable, au visage entouré de cheveux argentés qui tombaient en longues boucles sur ses épaules, une tête à la Béranger, un personnage de romance, se tenait debout sur le seuil et paraissait convier les visiteurs à pénétrer dans son sanctuaire.

C'était lui ! L'on entra.

La croisée, encadrée de plantes grimpantes, était ouverte sur le ciel, en ce moment empourpré des merveilles du couchant. Les sièges étaient rares : la couchette du professeur remplaça, pour les délégués de l'Opéra, ces ottomanes, ces poufs, qui, chez les musiciens modernes, abondent, hélas, trop souvent. Dans les angles s'ébauchaient de vieux chapeaux-chinois ; çà et là gisaient plusieurs albums dont les titres commandaient l'attention. C'était d'abord Un premier amour, mélodie pour chapeau-chinois seul, suivie de Variations brillantes sur le Choral de Luther, concerto pour trois chapeaux chinois. Puis septuor de chapeaux-chinois (grand unisson) intitulé : LE CALME. Puis une oeuvre de jeunesse (un peu entachée de romantisme) nocturne de jeunes Mauresques dans la campagne de Grenade, au plus fort de l'inquisition, grand boléro pour chapeau-chinois) enfin, l'oeuvre capitale du maître : Le Soir d'un beau jour, ouverture pour cent cinquante chapeaux-chinois.

Les cymbales, très émues, prirent la parole au nom de l'Académie nationale de Musique. « Ah! dit avec amertume le vieux maître, on se souvient de moi maintenant? Je devrais... Mon pays avant tout. Messieurs, j'irai. Le trombone ayant insinué que la partie à jouer paraissait difficile. « Il n'importe,» dit le professeur en les tranquillisant d'un sourire. Et, leur tendant ses mains pâles, rompues aux difficultés d'un instrument ingrat :- « A demain, messieurs, huit heures, à l'Opéra. » Le lendemain, dans les couloirs, dans les galeries, dans le trou du souffleur inquiet, ce fut un émoi terrible la nouvelle s'était répandue. Tous les musiciens, assis devant leurs pupitres, attendaient, l'arme au poing. La partition de la Musique-nouvelle n'était plus, maintenant, que d'un intérêt secondaire. Tout à coup, la porte basse donna passage à l'homme d'autrefois : huit heures sonnaient! A l'aspect de ce représentant de l'ancienne-Musique, tous se levèrent, lui rendant hommage comme une sorte de postérité. Le patriarche portait sous son bras, couché dans un humble fourreau de serge, l'instrument des temps passés, qui prenait, de la sorte, les proportions d'un symbole. Traversant les intervalles des pupitres et trouvant, sans hésiter, son chemin, il alla s'asseoir sur sa chaise de jadis, à la gauche de la caisse. Ayant assuré un bonnet de lustrine noire sur sa tête et un abat-jour vert sur ses yeux, il démaillota le chapeau-chinois, et l'ouverture commença. Mais, aux premières mesures et dès le premier coup d'oeil jeté sur sa partie, la sérénité du vieux virtuose parut s'assombrir; une sueur d'angoisse perla bientôt sur son front. Il se pencha, comme pour mieux lire et, les sourcils contractés, les yeux rivés au manuscrit qu'il feuilleta fiévreusement, à peine respirait-il!... Ce que lisait le vieillard était donc bien extraordinaire, pour qu'il se troublât de la sorte!...

En effet!... Le maître allemand, par une jalousie tudesque, s'était complu, avec une âpreté germaine, une malignité rancunière, à hérisser la partie du Chapeau-chinois de difficultés presque insurmontables ! Elles s'y succédaient, pressées! ingénieuses! soudaines. C'était un défi!– Qu'on juge : cette partie ne se composait, exclusivement, que de silences. Or, même pour les personnes qui ne sont pas du métier,qu'y a-t-il de plus difficile à exécuter que le silence pour le Chapeau-chinois?... Et c'était un CRESCENDO de silences que devait exécuter le vieil artiste !

Il se roidit à cette vue ; un mouvement fiévreux lui échappa Mais rien, dans son instrument, ne trahit les sentiments qui l'agitaient. Pas une clochette ne remua. Pas un grelot Pas un fifrelin ne bougea. On sentait qu'il le possédait à fond. C'était bien un maître, lui aussi !

Il joua. Sans broncher! Avec une maîtrise, une sûreté, un brio, qui frappèrent d'admiration tout l'orchestre. Son exécution, toujours sobre, mais pleine de nuances, était d'un style si châtié, d'un rendu si pur, que, chose étrange ! il semblait, par moments, qu'on l'entendait!

Les bravos allaient éclater de toutes parts quand une fureur inspirée s'alluma dans l'âme classique du vieux virtuose. Les yeux pleins d'éclairs et agitant avec fracas son instrument vengeur qui sembla comme un démon suspendu sur l'orchestre :

- Messieurs, vociféra le digne professeur, j'y renonce! Je n'y comprends rien. On n'écrit pas une ouverture pour un solo! Je ne puis pas jouer! c'est trop difficile. Je proteste! au nom de

M.Clapisson ! Il n'y a pas de mélodie là-dedans. C'est du charivari !

L'Art est perdu ! Nous tombons dans le vide. Et, foudroyé par son propre transport, il trébucha.

Dans sa chute, il creva la grosse caisse et y disparut comme s'évanouit une vision ! Hélas! il emportait, en s'engouffrant ainsi dans les flancs profonds du monstre, le secret des charmes de l'ancienne-Musique.

 

Villiers de l’Isle-Adam est un écrivain post-romantique breton, auteur des Contes cruels dont ce texte est extrait. Excellent musicien, Villiers a beaucoup joué de piano et il a aussi beaucoup composé ; tout a disparu, à part « la Mort des amants » une mélodie sur un poème de Baudelaire. Le secret des charmes de la musique de Villiers a été emporté, lui aussi …

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