4ème Festival de Pordic
25-30 août 2009
Mercredi 26 août 2009
20h30
Centre Culturel de
la Ville Robert
Récital Yedam Kim, piano
Programme modifié | |
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Domenico SCARLATTI | Sonate L. 430 en Mi Majeur |
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Domenico SCARLATTI | Sonate L. 187 en fa mineur |
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Domenico SCARLATTI | Sonate L. 465 en Ré Majeur |
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George ENESCO | Toccata et Pavane extraits de la Suite n° 2 en ré majeur (op. 10) pour piano |
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Claude DEBUSSY | Etude n° 6 Pour les huit doigts en sol bémol majeur extraite du 1er livre |
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Franz LISZT | Etude d'après Paganini N° 3 "La Campanella" |
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Maurice RAVEL | La Valse (Poème chorégraphique) |
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Modeste MOUSSORGSKY | Tableaux d'une exposition, version originale pour piano |
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Yedam KIM est née en 1988 à Incheon, en Corée du Sud. Elle commence ses études de piano à l'âge de six ans. Elle étudie à l'école des Arts Yewon ainsi qu'à la «Korea National University of Arts» et elle remporte plusieurs premiers prix dans des concours nationaux en Corée. Arrivée en France à quatorze ans, elle a travaillé au CNR de Paris (Premier Prix à l'unanimité en 2004). Elle vient de terminer ses quatre années de Formation Supérieure au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris dans la classe de Bruno Rigutto. Yedam Kim est lauréate de plusieurs concours internationaux : Premier Prix au Concours Steinway (France, 2003), Premier Prix au Concours International de San Sebastian (Espagne, 2003), Deuxième Prix au Concours International d’Ile-de-France ainsi que Deuxième Prix au Concours FLAME (France, 2008). Elle a gagné, en 2006, le concours de soliste du Conservatoire National de Région de Paris et, en 2008, le Deuxième Prix avec le Prix du meilleur interprète de morceau contemporain au Concours International de Piano Campus. La seconde édition du Concours International de Piano a eu lieu les 24, 25 et 26 avril 2009 au théâtre municipal de Mayenne. Une quinzaine de candidats de dix nationalités différentes ont participé au concours : Chinois, Japonais, Coréen, Marocain, Taïwanais, Polonais, Russe, Allemand, Vietnamien et Français. Yedam Kim a remporté le Prix du Conseil Général (3 500€) et le Prix Spécial du Public (1 500€). La lauréate proposera un récital lors de la session 2009-2010 de Piano à Mayenne.
Depuis plusieurs années, elle se produit régulièrement en concert en France. Elle a joué le 3ème Concerto de Rachmaninov en 2006 avec l'orchestre du CNR de Paris dirigé par Pierre-Michel Durand. En mars 2006, la Salle Cortot l'accueille dans le cadre du Concert Animato. Elle a donné des récitals à Séoul en 2002, à Barcelone en 2004 et à Sisteron en 2008 lors du concert d’ouverture du Festival « Les nuits de la citadelle ». Elle s'est aussi produite à l'Académie Internationale de Musique de la Chaise-Dieu, en Concert des Jeunes Talents (Chateauroux et Bois-Colombes), au Festival Chopin à Paris (Parc de Bagatelle, 2007) et aux Rencontres Internationales Chopin (Nohant, 2007).
Yedam Kim est boursière de la Fondation Yamaha.
Son récital au Festival de Pordic en 2008 est resté dans les mémoires.
Concert à Paris en décembre 2008 (photo Brittany Mélodies)
Récents concerts
Cathédrale Sainte Croix des Arméniens à Paris, le 14 mars dernier, avec
Adeliya Chamrina (alto) lauréate 2005 du concours FLAME, Jaha Lee (violon) lauréate 2007, Yedam Kim (piano) lauréate 2008
Programme : Bach, Schubert
Gênes, Italie, le 5 mai dernier
Concert des Lauréates du concours FLAME 2008, avec
Vanessa Szigeti (violon) Yedam Kim (piano)
Programme : Scarlatti, Mozart, Brahms, Chopin, Paganini, Ravel, Ysaye
Domenico SCARLATTI (1685-1757) -> biographie
Sonates
catalogue Kirkpatrick 531 (Longo 430) en Mi Majeur
Kirkpatrick 481 (Longo187) en fa mineur
Kirkpatrick 96 (Longo 465) en Ré Majeur
Domenico Scarlatti parle de ses Essercizi
Préface aux 30 Essercizi per gravicembalo (les seules publiées du vivant de Scarlatti sur 555 sonates qu’il a composées)
Au Lecteur,
Que vous soyez amateur (dilettante) ou professeur, n’attendez pas de ces compositions un enseignement profond, mais plutôt un habile divertissement pour vous mener à la maîtrise du clavecin. Ce n’est ni par intérêt, ni par ambition, c’est par obéissance que je les ai publiées. Peut-être vous seront-elles agréables; si tel est le cas je serai heureux de répondre à d’autres ordres et de vous gratifier davantage de style simple et varié. Montrez-vous donc plus humain que critique, votre plaisir croîtra d’autant. Pour vous indiquer la position des mains, sachez que D veut dire main droite, et M main gauche. Vivez heureux.
D. Scarlatti, 1738
Vladimir Horowitz aimait particulièrement la phrase « Montrez-vous donc plus humain que critique, votre plaisir croîtra d’autant ». « J’espère que mes auditeurs seront du même avis », ajoute-t-il en clignant de l’œil. Il poursuit : « On se trompe souvent sur Scarlatti, on croit que c’est rapide, léger, que ça demande juste articulation et virtuosité digitale. C’est faux. Dans les 555 sonates, plus de la moitié sont lentes, nombre d’entre elles sont poétiques, nostalgiques, voire rêveuses, tout à fait dans le style du bel canto. En tant que compositeur, [Scarlatti] vient de nulle part. Sa fraîcheur d’inspiration, son incroyable audace rythmique et harmonique en font un des compositeurs les plus originaux de son temps. Sa musique est d’ici-bas ; elle s’adresse aux hommes quand tous les compositeurs de l’époque s’adressent à Dieu [JS Bach et G.F. Haendel sont contemporains exacts de Scarlatti]. Horowitz poursuit en citant le livre de Stephen P. Mizwa qui rapporte ce que Chopin disait de Scarlatti:
Mes collègues professeurs de piano sont mécontents que j’apprenne Scarlatti à mes élèves. Je suis surpris de leur aveuglement. Dans sa musique il y a largement de quoi entraîner les doigts et aussi une grande valeur spirituelle. Il atteint même parfois le niveau de Mozart. Si je n’avais pas peur de me faire honnir, je jouerais Scarlatti lors de mes concerts. Je suis convaincu qu’un jour viendra où l’on jouera souvent Scarlatti en concert, et les gens aimeront et apprécieront.
Horowitz aura contribué à donner raison à Frédéric Chopin.
Preface to 30 Essercizi per gravicembalo (the 30 sonatas published among the 555 written by Scarlatti)
Reader,
Whether you be Dilettante or Professor, in these Compositions do not expect any profound Learning, but rather an ingenious jesting with art, to accommodate you to the mastery of the harpsichord. Neither Considerations of Interest, nor Visions of Ambition, but only Obedience moved me to publish them! Perhaps they will be agreeable to you: then all the more gladly will I obey other Commands to favour you with more simple and varied style. Therefore show yourself more human than critical, and then your pleasure will increase. To designate to you the Position of the Hands, be advised that by D is indicated the Right, and by M the left. Live happily.
D. Scarlatti, 1738
George ENESCO (1881-1955) -> biographie
Toccata et Pavane
(Extrait de la Suite n° 2 de George Enesco)
La Suite n° 2 en ré majeur (op.10) pour piano est la deuxième composée par George Enesco entre 1901 et 1903. Créée par le compositeur lui-même en 1903 à Paris, elle a été publiée en 1904. La Toccata a été écrite dès 1901 et complétée en 1903 par trois autres mouvements pour être présentée à un concours de composition de cette année. Le jury comprenait notamment Claude Debussy et Vincent d'Indy. L'œuvre reçut le premier prix. C'est une composition où affleure encore un néo-classicisme dans le style français et le musicien reconnaît lui-même l'influence de Claude Debussy. Le folklore roumain n'y est pourtant pas absent, bien que très discret.
Divisée en quatre parties, son interprétation demande environ une vingtaine de minutes :
- Toccata
- Sarabande
- Pavane
- Bourrée
Yedam Kim interprète la Toccata et la Pavane
La musique d’Enesco pour piano comprend
- Suite n° 1 « dans le style ancien » en sol mineur, op. 3
- Variations pour 2 pianos sur un thème original en la bémol majeur, op. 5
- Suite n° 2, op. 10 en ré majeur
- « Pièces impromptues », op 18
- Sonate en fa dièse mineur, op. 24 n° 1
- Sonate en ré majeur, op. 24 n° 3
Claude DEBUSSY (1862-1918)
Étude n° 6 Pour les huit doigts (en sol bémol majeur)
extraite du premier livre des Études de Claude Debussy
Marguerite Long elle-même fut étonnée que, pour cette étude, Debussy ait suggéré de ne pas utiliser les pouces, ce qui rend son exécution plus difficile. Il semble que cette recommandation permette plus de légèreté et de souplesse dans les mouvements. En effet, l'étude est une succession de notes rapides qui peuvent faire penser au vol du bourdon de Rimski-Korsakov.
(Source : d’après Wikipédia)
Les Douze Études pour piano de Claude Debussy ont été composées en août et septembre 1915. Elles portent comme dédicace À la mémoire de Chopin. Comme chez Chopin, les études de Debussy n'appellent pas une virtuosité froide et outrancière, elles transcendent la fonction pédagogique. Quand virtuosité il y a, et elle est bien présente, elle est toujours au service de la musique, de l'interprétation et par extension du plaisir qu'on y prend. La comparaison avec Chopin s'arrête ici car, pour le reste, les études de Debussy sont un véritable monde à part. Elles sont la synthèse de tout son univers pianistique, la clé qui permet d'y pénétrer, aussi bien sur le plan technique que "spirituel". Il y pousse encore plus loin ses recherches rythmiques et sonores, développe sa vision et son sens harmonique, jusqu'aux confins de la musique tonale. En ce sens, il affirme définitivement sa position de précurseur vis-à vis de la musique du XXe siècle.
Claude Debussy parle de ses Études en Quelques mots… (extrait de la préface)
Intentionnellement, les présentes Études ne contiennent aucun doigté, en voici brièvement la raison : Imposer un doigté ne peut logiquement s'adapter aux différentes conformations de la main. La pianistique moderne a cru résoudre cette question en en superposant plusieurs ; ce n'est qu'un embarras... La musique y prend l'aspect d'une étrange opération, où par un phénomène inexplicable, les doigts se devraient multiplier... Le cas de Mozart, claveciniste précoce, lequel ne pouvant assembler les notes d'un accord, imagina d'en faire une avec le bout de son nez, ne résout pas la question, et n'est peut-être dû qu'à l'imagination d'un compilateur trop zélé ? Nos vieux Maîtres, — je veux nommer "nos" admirables clavecinistes — n'indiquèrent jamais de doigtés, se confiant, sans doute, à l'ingéniosité de leurs contemporains. Douter de celle des virtuoses modernes serait malséant. Pour conclure : l'absence de doigté est un excellent exercice, supprime l'esprit de contradiction qui nous pousse à préférer ne pas mettre le doigté de l'auteur, et vérifie ces paroles éternelles : « On n’est jamais mieux servi que par soi-même » Cherchons nos doigtés !
C. Debussy
Franz LISZT (1811-1886)
Etude d'après Paganini N°3 "La Campanella"
Six Études d'après Paganini
Les Six Études d'après Paganini sont une série d'études pour piano composées par Franz Liszt en 1838 et révisées en 1851.
Ces études constituent le second bloc d'études composées par Liszt. Elles répondent à des préoccupations différentes de celles des Études d'exécution transcendante : il s'agit ici de transposer pour le piano les difficultés dont Paganini a émaillé ses œuvres pour violon, et plus particulièrement ses 24 Caprices. Hormis la troisième, chaque étude reprend l'un des Caprices pour le transformer en un exercice virtuose.
La troisième étude, La Campanella, est fondée sur le Deuxième Concerto du compositeur italien. Cette œuvre est parmi les plus célèbres du compositeur hongrois et son motif a inspiré nombre d'autres compositeurs, dont Brahms.
(Source : Wikipédia)
La Campanella (meaning "The Little Bell") is the nickname given to the final movement of Paganini's Violin Concerto No. 2 in B minor, because the tune was reinforced by a little handbell. Franz Liszt used the tune and wrote various pieces based on it, the most famous of which is the third of six Grandes Etudes de Paganini ("Grand Paganini Etudes"), S. 141, of 1851, known also as La Campanella (this piece is a revision of an earlier version from 1838, when the set was called Études d'exécution transcendante d'après Paganini, S. 140). The later set is a revision of the earlier set, and every piece in the set is based on themes by Niccolò Paganini. But before even this Liszt had used the theme for an earlier set of variations, Grande Fantaise de Bravoure sur "La Clochette" de Paganini, S.420, in B minor for piano (1831-32). And Liszt returned to the theme in 1845 for a further piece Grand Fantaisie (Variations) sur des thèmes de Paganini, S.700. The étude is played at a brisk pace and studies right hand jumping between intervals larger than one octave, sometimes even stretching for two whole octaves within the time of a sixteenth note, at Allegretto tempo.
Maurice RAVEL (1875-1937) -> biographie
La Valse (Poème chorégraphique)
En accord avec Serge de Diaghilev, Ravel envisageait, dès 1906, de composer pour le ballet une Apothéose de la valse en hommage à Johann Strauss, lorsque la Première Guerre mondiale l'obligea à remettre ses projets. L'expérience de la guerre, vécue comme un anéantissement de la civilisation, changea en effet la donne. A l'image romantique et fastueuse de la cour viennoise du XIXe siècle, si bien illustrée par les Valses de Strauss, succédait l'image d'un monde décadent toujours menacé par la barbarie.
Pour cette raison, l'œuvre de Ravel dépasse de très loin ses ambitions initiales. Le musicien composa, selon sa propre expression, un « tourbillon fantastique et fatal », somptueuse évocation de la grandeur, de la décadence puis de la destruction de la civilisation occidentale. Composée avec acharnement, l'œuvre fut créée en première audition devant Diaghilev par Ravel en avril 1920, dans une version transcrite pour piano. Ce fut l'occasion d'une brouille définitive entre les deux hommes, Diaghilev refusant de représenter La Valse avec les Ballets russes : «Ravel, c'est un chef-d'œuvre, mais ce n'est pas un ballet. C'est la peinture d'un ballet». Pour l'anecdote, Stravinski, présent également ce jour-là, réagit à ce refus par un silence calculé. Ravel ne lui pardonna pas et les relations entre les deux amis se limitèrent, dès lors, au plus strict professionnalisme.
(Source : Wikipedia)
La Valse
Ravel composed the piece during 1919-1920. He had intended to compose the piece many years prior to this date, but what he ended up writing was his Valses nobles et sentimentales. Ravel wanted to write the piece as a tribute to Johann Strauss Jr. He described the idea for the work as "a kind of apotheosis of the Viennese waltz, mingled in my mind with the idea of destiny's fantastic whirl." However, Ravel's intentions were skewed by the onslaught of the First World War. He no longer had such a kind view of Vienna. In 1919, Serge Diaghilev requested from Ravel a new work for his Paris based Ballets Russes. Ravel returned to his concept of a Viennese waltz, however, this time he called it La Valse, a piece that now took on a more sinister and grotesque form than the whimsical idea he once had for it. Ravel's program notation in the original score gives an insight into the piece: "Through rifts in swirling clouds, couples are glimpsed waltzing. As the clouds disperse little by little, one sees an immense hall peopled with a whirling crowd. The scene becomes progressively brighter. The light from chandeliers bursts forth at fortissimo (letter B in the score). An Imperial Court, around 1855."
Amazingly, anyone with an imagination can vividly picture exactly what Ravel described when listening to the work. Ravel once again proved his mastery of orchestration, scoring the piece for a large orchestra including triple winds, two harps, five drums and various metal percussion. Shortly after the composition of La Valse, Diaghilev requested a four-hand reduction of the piece for piano. Ravel played his reduction with Marcelle Meyer at the second piano for Diaghilev and many other guests including Stravinsky and Poulenc. Poulenc was very impressed with the piece, but later recalled that Stravinsky didn't seem to be very enthused. "Stravinsky said not a word! I was 22, and, you can imagine, absolutely flabbergasted. Ravel proceeded to give me a lesson in modesty that has lasted all my life: he picked up his music quietly and, without worrying what we all thought of it, calmly left the room," recalled Poulenc.
Modeste MOUSSORGSKY (1839-1881)
Tableaux d'une exposition, version originale pour piano
Promenade (Allegro giusto, nel modo russico ; senza allegrezza, ma poco sostenuto)
I - Gnome (Sempre vivo)
Promenade (Moderato comodo e con delicatezza)
II - Le vieux château (Andante molto cantabile e con dolore)
Promenade (Moderato non tanto, pesamente)
III - Les Tuileries (Allegretto non troppo, cappricioso)
IV - Bydlo (Sempre moderato, pesante)
Promenade (Tranquillo)
V - Ballet des poussins dans leur coque (Scherzino : vivo, leggiero – Trio)
VI - Samuel Goldenberg et Schmuyle (Andante)
Promenade (Allegro giusto, nel modo russico, poco sostenuto)
VII - Le marché de Limoges (Allegretto vivo, sempre scherzando)
VIII - Catacombe (Largo) Cum mortuis in lingua mortua (Andante non troppo, con lamento)
IX - La cabane sur des pattes de poule (Allegro con brio, feroce – Andante mosso – Allegro molto)
X - La grande porte de Kiev (Allegro alla breve. Maestoso. Con grandezza)
C’est une exposition dédiée à la mémoire de l’architecte russe Viktor Hartmann (1834-1873), ami de Moussorgsky, qui est à l’origine de la composition des Tableaux d’une exposition. L’œuvre fut écrite en trois semaines, entre juin et juillet 1874, durant une période d’intense activité créatrice. La carrière de Moussorgsky était alors à son apogée, portée par le succès populaire de Boris Godunov. En parlant des Tableaux, le compositeur écrivit à Vladimir Stasov (1824-1906), dédicataire de l’œuvre : «Hartmann bouillonne comme bouillonnait Boris ; les sons et les idées sont suspendus dans l’air, j’en absorbe jusqu’à m’en gaver, et j’ai à peine le temps de les coucher sur papier.» (juin 1874). Des dix tableaux de Hartmann qui ont inspiré Moussorgsky, seulement cinq existent encore aujourd’hui : le dessin d’un costume d’oisillon pour le ballet Trilbi («Ballet des poussins dans leurs coques») ; deux portraits de juifs, l’un noble, l’autre mendiant («Samuel Goldenberg und Schmuyle») ; une aquarelle où trois hommes visitent les catacombes de Paris à la lueur d’une lanterne («Catacombae. Sepulcrum romanum») ; le dessin richement ornementé d’une horloge de style russe, montée sur des pattes de poule («La Cabane sur des pattes de poule») ; et enfin, le plan d’une porte monumentale flanquée d’un clocher, destinée à la ville de Kiev («La Grande Porte de Kiev»). On a souvent souligné le caractère infidèle des miniatures musicales, leur décalage avec le prétexte pictural initial. Au lieu de simplement décrire en musique les tableaux de Hartmann, Moussorgsky a imaginé ses propres scénarios. Les titres originaux, soigneusement choisis par le compositeur, recourent à six langues : russe, français, italien, polonais, latin et allemand. Le cycle se compose d’une suite de dix pièces, entre lesquelles un interlude, la «Promenade», est intercalé sporadiquement. On y reconnaît le profil corpulent du compositeur-visiteur, se déplaçant d’un pas lourd d’un tableau à l’autre. Moussorgsky s’est plu à utiliser la variation, procédé qui lui est cher, pour transformer les cinq apparitions de la «Promenade», au gré des différents Tableaux. On retrouve dans l’œuvre les thèmes de prédilection du compositeur : le folklore, omniprésent, depuis la mélodie pentatonique de la «Promenade» jusqu’aux sonorités de cloches dans «La Grande Porte de Kiev», les scènes populaires et rurales, («Bydlo», «Samuel Goldenberg und Schmuyle», «Limoges. Le marché»), le fantastique («Gnomus», «La Cabane sur des pattes de poules»), l’enfance («Tuileries», «Ballet des poussins dans leurs coques»), l’ancienne Russie épique («La Grande Porte de Kiev») et la mort («Catacombae»). Entièrement soumise au contenu, la forme très libre de l’œuvre trouve une cohérence grâce au parcours des tonalités, à un contraste équilibré entre le caractère des miniatures et à la récurrence de la «Promenade». L’œuvre, par son genre, se rapproche de Papillons et Carnaval de Schumann et l’écriture de certains Tableaux rappelle parfois celle de Liszt. Mais, malgré ces liens avec le répertoire pianistique européen du XIXe siècle, les Tableaux demeurent éloignés du romantisme germanique. Empreints de réalisme, ils expriment un profond attachement à la tradition et à la vie paysanne russe. Les Tableaux d’une exposition sont, avec Une nuit sur le Mont chauve, la seule œuvre instrumentale d’envergure dans la production de Moussorgsky. Aucune exécution publique n’eut lieu du vivant du compositeur.
(Source : http://www.analekta.com/fr/album/moments-musicaux-op-16-pictures-at-an-exhibition.285.html)